Quelques souvenirs paléontologiques du Boulonnais

Publié le par Phil Fossil

 
 
Cette petite bafouille avait été rédigée dans la seconde moitié de l’été 2002, suite à une excursion dans la région, assez mémorable mais malheureusement dans le mauvais sens du mot…
 
Par la suite ce texte avait été repris en guise d’édito du bulletin mensuel du G.E.S.T.
 
Ce n'est pas encore de la prose à la manière de CarchaDOrias, mais l'intention y était.

Notons néanmoins que le Muséum de Boulogne a fermé ses portes dans l'intervalle.
Je vous souhaite une bonne lecture !
 
Phil « Fossil »
 
 
Que d'eau, que d'eau !!!
 
 
Ayant commis l'erreur monumentale de négliger le vieil adage local qui dit que, au Boulonnais, "quand les estivants s'entassent, les paléontologues se cassent", nous avions prévu un séjour
gastronomico-paléontologico-reposant afin de joyeusement "fouiller dans le coin" avec quelques amis qui y passaient leurs vacances d'été.
 
Le tout premier jour, sous un soleil de bon augure et malgré une synchronisation quasiment parfaite avec la marée descendante, les falaises portlandiennes au Nord de Boulogne ne livrèrent rien de passionnant : pas le plus petit oursin régulier, aucune ammonite, et encore moins de reste de vertébré ! C'est ce qu'on appelle vulgairement "l'avoir dans l'os !!!" Nous sommes donc légitimement en droit de nous poser la question : Ce gîte aurait-il donc une dent contre nous ???
 
Fort heureusement, une gargantuesque paëlla portuguaise aux fruits de mer vint véritablement à point pour remonter le moral des troupes sérieusement entamé en fin de soirée.
 
La grande carrière de craie prévue le deuxième jour fut encore plus avare en trouvailles, seul un coprolithe (merde alors) fut découvert après une marche de plusieurs kilomètres et à fortiori sous une pluie belgo-belge d'anthologie. Une superbe ammonite turonienne d'environ 70 centimètres de diamètre, après 3 ou 4 heures de dégagement acharné autant que précautionneux, se désintégra en une douzaine de morceaux à notre plus grand désespoir !
 
Le troisième jour, sous la conduite d'un guide local, mais heureusement sous un généreux soleil, nous explorâmes l'un ou l'autre nouveau site fossilifère du Portlandien entre Boulogne-sur-Mer et Hardelot. Les falaises y sont assez casse-pipe, suffisamment en tout cas pour nous donner quelques frayeurs ! La moisson de petites dents de poissons et de requins vaut le détour, et nous pûmes même y découvrir, comme partout dans la région, quelques authentiques témoignages de la grandeur et la décadence du Troisième Reich.
 
Ces pauvres soldats allemands en poste au sud de Boulogne, qui en envoyant les proverbiales cartes postales à leur dulcinée restée au pays, au risque de recevoir une gifle imprévue à leur retour pour leur avoir bien innocemment écrit : "Gérie, nous Zommes allés au Portel, z'était pien".
 
Le dernier jour, sous une pluie battante, nous renonçames honteusement à fouiller le matin, effectuant un repli stratégique vers le Grand Nausicaa et le Musée d'Histoire Naturelle de Boulogne-sur-Mer. Si le premier est bien connu maintenant des membres du GEST, le suivant vaut le détour par ses pièces paléontologiques, pas très nombreuses mais impressionnantes. Citons en vrac une mandibule inférieure de pliosaure longue de près de deux mètres, une raie (fossile celle-là, pas une récupérée dans le bassin tactile du Nausicaa), une tête d'ichthyosaure, et des dents de dinosaures du Jurassique terminal de la région. L'après-midi, après la fin somme toute provisoire des averses, une petite visite à Wimereux et au Cap Gris-Nez ne livra strictement rien d'intéressant.
 
La dépression météorologique a bien naturellement commencé à en générer d'autres, qui heureusement de nos jours se soignent plutôt bien à grands coups de Prozac, de boissons spiritueuses ou même de chocolat, suivant les affinités de chacun.
 
Si on fait le (très maigre) bilan de quatre jours de fouilles mémorablement épuisantes, ce n'est pas aujourd'hui, dans cette région pourtant réputée comme favorable aux amateurs de fossiles, que nous pourrions nous exclamer en choeur :
 
"Que d'os, que d'os !"
 
Phil « Fossil »
 

Publié dans Comptes-rendus

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F
Salut !Eh oui, la paléonto ça doit rester un plaisir. Quand ça devient pénible à ce point-là, je préfère me réorienter vers autre chose...ByeFredo
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P
 En effet, mes quelques visites tourangelles ont été moins "douchées"...Et j'aime bien les dents et coquilles des faluns !Amicalement.Phil "Fossil" 
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M
Eh bien, il fait quand même meilleur en Touraine !A plus.Meggie
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P
 Hello Sylvie !Oui, le Boulonnais est l'une de mes régions fétiches ! Mais comme le dit mon pote Dino, ça devient plus dur actuellement.Gros bisous !Phil "Fossil" 
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D
Mais que d'efforts pour si peu de choses Phil! Je me souviens de ces journées, et à part un bon mal de dos, je ne peux pas dire que j'en aie ramené grand'chose. Amiusant de se rappeler les risques que tu as pris pour aller décrocher quelques misérables dents de poisson dans la falaise, alors que moi, feignant comme à mon habitude, 'jai été m'asseoir sur un surplomb de la falaise et en ai trouvé une sans rien faire...  :o))Le Boulonais n'est plus ce qu'il était, principalement à cause de l'ensablement progressif de la côte ouest de la France. La Normandie est aussi touchée par ce phénomène dû à l'extension des ports pétroliers comme Antifer ou Boulogne. Vive la civilisation des énergies fossiles! Dino.L
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