Comment s’y retrouver parmi les dents de requins fossiles ? (2ème partie)

Publié le par Phil Fossil

 
 
Nous allons ensuite nous attaquer à la position mandibulaire des dents.
 
Pour cela, il nous faut d’abord expliciter un minimum la terminologie relative à ces spécimens.
 
-         Couronne : partie émaillée qui dépasse de la mandibule
-         Racine : partie « osseuse » qui se trouve dans le tissu conjonctif de la mâchoire
-         Face linguale : la face intérieure de la dent, généralement bombée
-         Face labiale : la face extérieure de la dent, usuellement plate
-         Côté distal : la partie latérale de la dent dirigée vers la commissure (le coin de la mandibule)
-         Côté mésial : le côté dirigé vers la symphyse (milieu de la mâchoire)
-         Rangée dentaire : position de la dent dans la mâchoire par rapport à la symphyse ???
-         File dentaire : position de la série dentaire (réserve, en fonction…) ???
-         Cuspide principale : S’il y a plusieurs denticules, le plus important
-         Cuspides latérales ou denticules latéraux : les denticules entourant la cuspide principale
-         Lobes radiculaires : la racine est divisée en lobes bien marqués
-         Hétérodontie : les dents sont de forme différente en fonction de leur position
-         Hétérodontie monognathique : dents différentes en fonction de la position sur une même mâchoire
-         Hétérodontie dignathique : dents changeant d’une mâchoire à l’autre.
-         Dent symphysaire : dent différente, unique, et positionnée au milieu de la mâchoire (inférieure, généralement)
-         Dent parasymphysaire : dent différente, positionnée de chaque côté du milieu de la mandibule, et allant par paire
-         Dent intermédiaire : dent plus petite que les suivantes et se situant au niveau de l’œil uniquement dans la mâchoire supérieure de certaines espèces
-         Dent à couronne lisse : la couronne est coupante sans dentelures (pex. Cosmopolitodus hastalis)
-         Dent à couronne serrulée : la couronne est dentelée comme un couteau à steak
-         Serrations : la dentelure d’une dent serrulée qui peut être fine (Carcharocles megalodon) ou grossière (Carcharodon carcharias, Hemipristis serra)
-         Talon de la couronne : partie élargie recouvrant la racine ???
-         Dent agrippeuse : dent effilée permettant de tenir des poissons glissants
-         Dent coupeuse : dent plate qui permet de découper la chair de proies de grande taille
-         Dent remaniée : a subi une érosion de sa couche d’origine et une re-sédimentation, ce qui entraine une usure plus ou moins importante pouvant effacer certains caractères de détermination
 
Pour débuter nos explications, il suffit de prendre en main une dent en bon état (ni brisée, ni trop remaniée) et de l’observer soigneusement. Commençons par une dent très commune, Cosmopolitodus (Ex-Isurus) hastalis du Miocène-Pliocène.
 
Soit la dent est large et plate, relativement fine, à racine large mais peu découpée (les lobes ne sont que peu visibles) elle appartient à la mâchoire supérieure, si au contraire elle est plus élancée et plus épaisse, incluant des lobes bien détachés, elle appartient à la mâchoire inférieure. C’est une hétérodontie dignathique, et elle est typique de très nombreuses formes de dents de squales : plates et larges en haut, épaisses et effilées en bas.
 
Les dents de la mandibule inférieure (les dents effilées en règle générale) servent plutôt à agripper la proie, celles de la mâchoire supérieure (les plates généralement) à découper un morceau de chair.
 
Si la cuspide principale est droite, il s’agit d’une dent antérieure, si elle est plutôt inclinée il s’agira d’une dent latérale. On parle donc d’hétérodontie monognathique pas trop prononcée. Par comparaison avec la mâchoire actuelle d’un requin apparenté (dans ce cas de figure un grand requin blanc Carcharodon carcharias) on peut même avec de l’expérience arriver à déterminer la rangée d’où provient la dent.
 
Il y a présence d’une dent intermédiaire plus petite au niveau de l’œil, la dent intermédiaire.
 
La démarche est la même pour Carcharodon carcharias, Carcharodon escheri, Carcharocles megalodon, Carcharocles angustidens.
 
Ce cas est relativement simple, continuons avec un autre type de dent, Notorhynchus primigenius ou Hexanchus gigas.
 
Ces dents en forme de peigne sont très différentes d’une mandibule à l’autre, celles de la mâchoire inférieure sont plates, larges et possèdent de nombreuses cuspides, il y a présence au milieu d’une dent symphysaire en forme d’éventail. A l’opposé, la mâchoire supérieure possède des dents à cuspides nettement moins nombreuses, et deux dents parasymphysaires en forme de poinçon de chaque côté du milieu de la mandibule.
 
Les dents de Carcharias vorax du Miocène-Pliocène sont moins variables, il faut néanmoins signaler une inclinaison et un élargissement progressif des dents en partant de la symphyse vers la commissure, et la présence d’une dent intermédiaire au niveau de l’œil. La démarche est identique pour Isurus desori. (requin mako)
 
Les dents des petits carcharinidés Hypoprion acanthodon sont assez différentes d’une mâchoire à l’autre, celles de la mâchoire supérieure ont une cuspide plus large et dentelée, les dents inférieures sont étroites et leur tranchant est lisse. C’est typique de quasiment tous les carcharinidés.
 
D’autres espèces sont nettement moins évidentes à déterminer, comme par exemple Galeocerdo aduncus (requin-tigre) toutes les dents se ressemblant très fort. Il peut y avoir présence ou non d’une dent symphysaire plutôt « redressée ».
 
N’hésitez pas à consulter notre album photo « requins fossiles » pour vos déterminations.
 
Phil « Fossil »
 

Publié dans Le coin des débutants

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A
BRVO POUR CE BLOG ORIGINAL  ! bonne continuation !
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