2008 Année de la Terre : Protection du Patrimoine géologique, paléontologique et minéralogique

 

 

Le Patrimoine géologique, en cette année 2008, déclarée par l’UNESCO « Année de la Terre », tout le monde en parle, mais peu de mesures réelles sont prises pour le protéger efficacement.

 

Un petit noyau dur d’extrémistes protectionnistes, malheureusement très actifs, tente inlassablement de faire passer l’idée, dans le grand public, auprès des politiques, et jusque dans l’enseignement de nos enfants de 5ème, que la collecte d’objets géologiques est totalement à proscrire et que seul le verrouillage de tous les sites permet de protéger le patrimoine.

 

Or, manifestement, la problématique est loin d’être aussi simple qu’ils ne peuvent l’imaginer. Ce qui entraîne que la majorité des scientifiques, quand même les premiers concernés par ce débat, ne partagent absolument pas leur idéologie stérilisante.

 

Le patrimoine géologique ne se résume certes pas aux sites (fossilifères ou minéralisés) mais aux fossiles, aux minéraux, aux vestiges archéologiques, aux collections publiques ou privées d’objets géologiques.

 

Voir l’étude très complète de Jean-Claude Boulliard, Directeur de la collection minéralogique de l’Université Pierre et Marie Curie Paris VI, dont le lien suit :

http://www.geopolis-fr.com/i17-patrimoine-geologique.html

 

D’autres pays ou régions (Suède, Pays-Bas, Royaume-Uni, Canada, Ontario, Floride…) ont une idée nettement plus claire et ouverte sur la chose, ne perdent pas un argent fou et un temps délirant à des parlotes stériles (et ce de manière récurrente depuis les années 1970 !), et arrivent à concilier intelligemment la sauvegarde légitime du Patrimoine géologique avec la passion tout aussi légitime des amateurs et des collectionneurs.

 

 

Voici quelques pistes à développer pour faire, enfin, concrètement avancer le dossier :

 

 

Les amateurs sont importants en tant que collecteurs bénévoles

 

Les scientifiques étant peu nombreux et n’ayant ni le temps, ni les budgets pour être partout à la fois, les amateurs et collectionneurs ont un immense rôle à jouer.

 

Ceci autant par leur nombre considérable que par leur disponibilité et leur passion qui les poussent à découvrir de nouveaux sites, à les exploiter souvent dans l’urgence, et en final à sauvegarder d’innombrables objets géologiques, parfois d’un intérêt inestimable, de l’érosion naturelle, des bulldozers et des concasseurs de notre industrie qui sont les seules et véritables menaces pour le Patrimoine géologique !

 

La collecte responsable des objets géologiques par les collectionneurs et les amateurs devrait être encouragée sur tous les sites menacés.

 

 

Les sites protégés

 

Ils devraient être réduits au strict minimum, protéger des kilomètres-carrés n’a aucun sens et s’avère ingérable en pratique. De même, protéger, et donc souvent interdire, plusieurs sites similaires est inutile. Protégeons, mais de manière parcimonieuse et surtout judicieuse.

 

Les objets géologiques réellement importants (aires de ponte ou pistes de déplacement de dinosaures, squelettes…) mis au jour sur les sites protégés doivent être préservés des ravages de l’érosion par un bâtiment en dur, in-situ ou ex-situ.

 

La collecte de fossiles et de minéraux naturellement dégagés par l’érosion doit rester possible dans tous les cas de sites non protégés par un bâtiment en dur.

 

Le travail des éboulis et des galets, tout ce qui n’est plus « en place », devrait être également toléré, avec un outillage réduit au strict minimum raisonnable. (Marteau de géologue, burins, massette, grattoirs, petite pelle et tamis)

 

 

Les collections privées sont tout aussi valables que les collections publiques

 

Si elles sont correctement gérées, les collections privées peuvent même s’avérer plus accessibles que de nombreuses collections publiques.

 

Elles contiennent fréquemment des pièces rares ou inconnues de la science.

 

Elles sont de surcroît régulièrement visitables sous une forme virtuelle sur Internet, ce qui les rend disponibles pour tous les acteurs géologiques dans le monde entier.

 

Il importe cependant que les amateurs et collectionneurs aient accès aux informations leur permettant la détermination de leurs découvertes et de repérer des trouvailles scientifiquement importantes.

 

 

Une équipe de scientifiques doit être dédicacée à la sauvegarde et au recensement du patrimoine paléontologique et minéralogique

 

Cette équipe pluridisciplinaire doit être disponible pour déterminer les trouvailles sortant du commun faites par les amateurs, leurs coordonnées doivent être uniques et facilement disponibles sur le Web.

 

Ils devraient offrir des collections virtuelles accessibles sur Internet permettant aux amateurs de déterminer leurs pièces et de détecter celles qui ne rentrent pas dans ce canevas.

 

Ils devraient déterminer de bonne grâce, par une structure de type « Forum géologique », les pièces « difficiles » soumises par les amateurs. Celles-ci peuvent en effet s’avérer nouvelles pour la science.

 

Ils pourraient prendre des moulages des pièces intéressantes découvertes par les collectionneurs amateurs, et répertorier l’original qui resterait dans la collection privée de son inventeur tout en étant accessible à la communauté scientifique sur simple demande.

 

Ils pourraient fournir aux amateurs (collecteurs bénévoles) des informations sur les chantiers et carrières, infos qui devraient obligatoirement leur être communiquées par les entrepreneurs publics ou privés. 

 

Ils devraient recenser les collections publiques et privées, pas dans une optique stérile de potentielle « confiscation » mais de centralisation pour un accès plus simple à l’information.

 

Ils devraient être disponibles pour aider à extraire et préparer les restes importants (vertébrés divers, aires de ponte ou pistes de dinosaures…) qui leur seraient signalés par les amateurs.

 

Le partage de l’information DOIT se faire dans les deux sens !

 

 

Autorisation en carrières actives et chantiers temporaires

 

Les carrières et les chantiers sont de précieuses fenêtres donnant accès au sous-sol et à ses richesses paléontologiques et minéralogiques, souvent de manière temporaire voire très temporaire.

 

Tous les grands travaux, chantiers, carrières, etc. devraient être signalés avec précision, au point de vue de la localisation ainsi que des dates prévues de début et de fin, au Service de sauvegarde et de recensement du Patrimoine géologique.

 

Les exploitants de carrières et de chantiers devraient permettre l’accès à leur exploitation aux amateurs, éventuellement en dehors des heures de travail et/ou dans les zones temporairement inexploitées, sous réserve de la signature d’une décharge de responsabilité en cas d’accident.

 

C’est un « permis de sauver » un maximum de spécimens de la destruction et de l’oubli !

 

 

Carrières-témoins préservées avec zone de fouilles autorisées

 

D’anciennes carrières, mines ou haldes pourraient, à moindres frais, se voir acquises et aménagées bénévolement par un musée local ou une association d’amateurs géologues.

 

Cela permettrait de conserver un patrimoine carrier ou minier (collection de minéraux et de fossiles) tout en permettant simultanément aux amateurs et collectionneurs de continuer à y faire des découvertes.

 

Si chaque association « géologique » avait la possibilité d’acquérir et d’aménager ne fusse qu’un seul site proche de son siège social, tout en le rendant accessible aux collectionneurs, c’est encore du Patrimoine géologique qui serait conservé et mis en valeur…

 

Les exemples de la carrière-musée de Channay-sur-Lathan pour les fossiles des faluns de Touraine, et des haldes de Chessy-les-Mines pour les minéraux, sont des pionniers éloquents en ce domaine.

 

 

Permis de fouilles permettant de financer le Service de sauvegarde et de recensement du Patrimoine

 

L’équipe de scientifiques devant être financée d’une manière ou d’une autre, elle peut l’être par des subsides publics bien évidemment, mais la solution appliquée en Floride (USA) est intéressante à plus d’un titre.

 

Par l’octroi d’un permis de recherche des fossiles de vertébrés, payant mais relativement bon marché, l’activité des collectionneurs est à la fois légalisée, encadrée, fournit des moyens financiers supplémentaires à l’organisme attribuant le permis, ainsi qu’une trace des découvertes importantes qui ont été réalisées.

 

Sans aller jusqu’à imposer la donation des spécimens importants, ces derniers pourraient rester dans la collection privée de leur découvreur tout en étant répertoriés et donc accessibles si nécessaire aux scientifiques sur demande courtoise.

 

Pour plus d’info sur le système de permis appliqué en Floride, suivre le lien ci-après :

http://www.paleomania.com/article-3674468.html

 

 

Conclusions

 

Voir également un ancien article écrit il y a pas mal d’années déjà sur cette problématique et disponible à l’adresse ci-après :

http://www.geopolis-fr.com/intox5_senateur_souvet.html

 

 

Et bien sûr mon article exhaustif sur les Amateurs et la Paléontologie :

http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/28/02/25/Amateurs-et-Paleontologie.pdf

 

 

En bref, il est grand temps de revenir à l’élémentaire bon sens et à la saine réflexion, plutôt que de se limiter à l’habituel lot d’élucubrations utopiques voire dangereuses mais en tout cas rigoureusement improductives auxquelles nous sommes actuellement confrontés.

 

Ceci de la part de gens visiblement incompétents qui, de surcroît, prétendent décider de ce qui est « bon » pour nous… Et surtout pour notre Patrimoine !

 

 

« Fossile ou Minéral ramassé,

Fossile ou Minéral préservé ! »

 

 

Phil « Fossil »

http://www.paleomania.com

 

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