Soyez moderne, optez pour le régime préhistorique !

Publié le par Phil Fossil


Très à la mode, même s'il repose sur des bases peu solides scientifiquement, il est censé nous permettre de rester minces et en bonne santé.

Qui souhaiterait vraiment vivre aujourd'hui comme à l'âge de pierre et se nourrir comme les hommes et les femmes de l'époque préhistorique, tributaires des produits de leur propre chasse, pêche ou cueillette ? Posée comme cela, la question ne risque pas de rencontrer un grand succès. Et pourtant, le régime dit paléolithique est à la mode depuis un certain temps déjà. Tout a commencé avec la publication du Dr Boyd Eaton, radiologiste et anthropologue américain, dans le New England Journal of Medicine en 1985. Depuis, des articles sont régulièrement consacrés à la nourriture de l'homme des cavernes. Elle est présentée comme saine (les aliments étaient évidemment en général consommés crus) et énergisante (mais à l'époque, la sédentarité n'existait pas).

Dans le dernier numéro de "Nutrinews santé", une brochure du Cerin destinée à la presse, Jean-Denis Vigne, archéologue et biologiste, directeur de recherche au CNRS, rappelle ce que l'on sait de l'alimentation dite préhistorique. Les méthodes de recherche les plus anciennes reposent sur les restes de repas conservés dans les sites archéologiques, donc les traces de plantes carbonisées et les squelettes d'animaux. "Les témoins de l'alimentation végétale sont généralement sous-représentés, sans que l'on puisse savoir si c'est lié à une faible consommation ou au fait que les déchets végétaux sont putrescibles", note-t-il. Les méthodes plus récentes donnent une meilleure idée de l'origine végétale ou animale de la nourriture. Et l'analyse des micro-usures dentaires complète les informations.

L'homme est fondamentalement omnivore

Grâce à cela, les chercheurs peuvent affirmer que les comportements alimentaires préhistoriques variaient beaucoup selon les populations (Néandertal ne mangeait pas comme Homo sapiens) et les régions. Au Proche-Orient, la consommation de légumineuses, graines et fruits était importante, alors qu'en Europe continentale certains régimes pouvaient comporter plus de 80 % de viande. "On est loin des 30 % préconisés par les tenants du régime préhistorique !" s'exclame Jean-Denis Vigne.

Le climat joue également un rôle. À la fin des périodes glaciaires (durant lesquelles on se nourrit surtout de viande et graisse provenant des grands gibiers), le réchauffement climatique permet d'abord l'éclosion de végétaux. Viennent ensuite l'avènement de l'agriculture et de l'élevage, la généralisation de la consommation de céréales et de légumineuses cultivées ainsi que l'apparition du lait dans l'alimentation humaine.

Toutes ces variations confirment que l'homme est fondamentalement omnivore. Et son adaptabilité, en fonction des ressources, a sans doute assuré le succès des deux espèces les plus récentes, les Néandertaliens et nous. Même si les scientifiques manquent encore de précisions sur l'alimentation de nos lointains ancêtres, "le mythe du régime préhistorique relève de l'imaginaire de nos sociétés", conclut le chercheur. En revanche, il est indéniable que l'excès de sucre et la consommation sans cesse croissante de produits transformés n'est pas bénéfique à la santé. Et, rien que pour cela, il serait bon de se souvenir de nos lointaines origines, donc de privilégier les aliments de saison et de les préparer de la façon la plus naturelle possible.

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/soyez-moderne-optez-pour-le-regime-prehistorique-11-11-2013-1754338_57.php

Phil "Fossil"

Publié dans Revue de presse

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article